Changer de métier en sécurité


À propos…

Consultante en évolution professionnelle et coach, j’accompagne les enseignant·es en reconversion vers un métier où ils et elles s’épanouiront.

Vingt-sept années de carrière à l’Éducation nationale m’ont donné le loisir de découvrir un panel de métiers et de fonctions. Enseignante bien sûr, mais aussi une partie du temps formatrice, chargée de mission, cheffe de projet, éditrice, et bien d’autres. Je me suis aussi investie dans des associations de profs dont j’ai participé à la fondation : Le Café pédagogique, WebLettres notamment.

Puis je me suis retrouvée un jour, comme beaucoup, en perte de sens. Comme beaucoup aussi, je suis restée trop longtemps prisonnière de ma cage dorée et je suis allée jusqu’au burnout au lieu de prendre mon envol.

J’ai suivi ensuite une solide formation universitaire de coach, et une formation de consultante en bilan de compétences.

Comme celles et ceux qui ont franchi ce pas de quitter le navire, je ne regrette rien, tant il est vrai qu’il y a une vie après l’EN, quel que soit notre âge.

J’ai réalisé que la folie n’est pas de quitter un métier sécurisant qu’on aime et qui a du sens : la folie est de rester dans un métier où l’on est en souffrance, méprisé·e par l’institution, écrasé·e par le stress.

Il y a quand même deux choses que je changerais si c’était à refaire :

La première, ce serait de partir beaucoup plus tôt. Non pas qu’il soit plus difficile de partir à un âge qu’à un autre  mais j’ai trop longtemps supporté une situation stressante. Or le bunout nécessite un temps de résilience incompressible dont je n’aurais pas eu besoin si j’étais partie plus tôt.

La seconde, ce serait de faire un bilan de compétences. J’ai compris que cela fait gagner beaucoup de temps, d’abord pour trouver ce que l’on veut faire (et non pas se cantonner à ce qu’on croit pouvoir faire), ensuite pour ne pas se perdre dans de fausses pistes.

L’histoire finirait ici si je ne m’étais pas inscrite, en partant, sur le groupe Facebook « Prof, tu veux changer de métier ». J’y ai croisé une vieille connaissance du temps de mes activités associatives, Noël Debarle (Sésamath, pour les anciens !), qui était devenu entre autres administrateur de ce groupe. Au moment de sa reconversion, il a confié la tâche d’administrateurice à quelques collègues, dont moi-même.

Cela a été un choc de découvrir d’une part l’avalanche de nouveaux inscrits dans le groupe depuis décembre 2023 : près de 10.000 profs de plus par an (le groupe compte aujourd’hui 38.000 enseignants) ; d’autre part, la détresse insondable dans laquelle tous ces collègues arrivent. Littéralement, ils tombent comme des mouches. Pire, le mini-questionnaire que nous demandons aux gens de remplir pour s’inscrire révèle que près de 98 % des collègues qui arrivent n’ont aucune idée du domaine dans lequel ils veulent se reconvertir : ils veulent juste partir.

Devant ce marasme, j’ai proposé à mes co-admins ce que je savais faire de mieux : créer une association. Le but serait de défendre les droits et les intérêts des prof·es en transition professionnelle. Pour cela, nous prévoyons de mettre en place des partenariats afin d’offrir des services de reconversion adaptés à leur situation. L’association est en train d’être créée. Les partenariats se font en priorité avec d’ex-collègues reconverti·es, comme moi, dans… la reconversion professionnelle. J’en profite pour saluer ici les deux premières : Julie Boutard, co-admin du groupe Facebook « Prof, tu veux changer de métier » et fondatrice d’Envol*Pro, et Florence Amaudru, créatrice de l’indispensable Podcast « Avant j’étais prof ».

Quant à moi, bien que mon cœur soit encore plus loin dans un avenir professionnel, j’ai décidé de commencer par ouvrir ce site Une Vie après l’EN pour aider nos collègues en souffrance, à ma mesure.

Caroline Atabekian